Jeudi, une juge de Floride a interdit à l’administration fédérale et aux autorités de Floride de détenir de nouveaux migrants dans un centre de détention surnommé « Alcatraz des alligators », et leur a ordonné de démanteler une grande partie des installations dans un délai de 60 jours, ce qui revient à une fermeture de fait du centre.
Suite à cette décision, l’État de Floride a annoncé qu’il ferait appel.
Le centre de détention a été construit à la hâte en juin, avec des lits superposés, des cages grillagées et des pavillons en toile blanche, le tout sur un aéroport abandonné au cœur des Everglades. La Maison Blanche et les autorités locales l’ont surnommé « Alcatraz des alligators », en référence à l’ancienne île-prison de la baie de San Francisco que Donald Trump prévoit également de rouvrir.
Selon la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, la Floride prévoit la construction d’environ 3 000 installations de ce type. Cependant, le centre a suscité l’indignation des associations environnementales — les Everglades étant une zone protégée — et des défenseurs des droits humains.
La décision rendue jeudi par la juge Kathleen Williams fait suite à une plainte déposée par deux organisations, les Amis des Everglades et le Centre pour la diversité biologique, qui affirment que le centre menace l’écosystème fragile des zones humides environnantes et qu’il a été construit sans études d’impact environnemental.
Début août, la juge avait déjà ordonné l’arrêt temporaire de toute nouvelle construction au centre. Cette fois, elle ordonne à l’administration fédérale et à l’État de Floride (dirigé par le républicain Ron DeSantis) de retirer, dans un délai de 60 jours, toutes les clôtures temporaires, l’éclairage, les générateurs et les systèmes de traitement des eaux usées et des déchets.
Elle interdit également « l’introduction dans l’établissement de nouvelles personnes qui n’y étaient pas déjà détenues au moment de l’entrée en vigueur de ce décret ».
L’« Alcatraz des alligators » est devenu un symbole de la politique d’immigration répressive de Donald Trump.
Plusieurs migrants détenus dans ce centre ont témoigné auprès de l’AFP des conditions de détention déplorables. « Même un animal ne serait pas traité comme ça. C’est de la torture », a déclaré Luis Gonzales à l’AFP par téléphone depuis l’établissement, précisant qu’il partage une cellule rarement nettoyée avec une trentaine d’autres personnes, dans des conditions de chaleur torride le jour et de froid glacial la nuit, au milieu des moustiques omniprésents.
