En Haïti, la filière de l’anguille, localement appelée « Zangi », s’impose comme l’une des plus discrètes mais aussi des plus rentables du secteur halieutique. Sur le marché international, le kilogramme de civelles (bébés anguilles) haïtiennes se négocie généralement entre 1 000 et 5 000 dollars américains, avec des pointes occasionnelles à 6 000 dollars lors des pics de demande, notamment en Asie où le Japon et la Chine sont les principaux acheteurs.
La saison d’exportation, qui s’étend de septembre à mars, voit transiter chaque année entre 10 000 et 20 000 kilogrammes d’anguilles hors du territoire haïtien, selon les estimations des acteurs du secteur. Cette fourchette, bien que prudente, permet d’évaluer l’ampleur des revenus générés.
« Haïti pratique l’exportation de l’anguille depuis près de 20 ans. Le prix du kilo varie entre 700 et 5 000 dollars américains, selon les tailles et les demandes. Certaines années, les prix CIF pour l’exportation de civelles peuvent grimper jusqu’à 5 000-6 000 $ US le kilo », précise un entrepreneur taïwanais impliqué dans ce commerce.
Calcul du revenu annuel brut :
| Volume exporté (kg) | Prix bas (1 000 $/kg) | Prix haut (5 000 $/kg) |
|———————|———————-|————————|
| 10 000 | 10 000 000 $ | 50 000 000 $ |
| 20 000 | 20 000 000 $ | 100 000 000 $ |
Ainsi, le commerce de l’anguille pourrait générer entre 10 et 100 millions de dollars américains par saison, selon les fluctuations du marché et le volume réellement exporté. Ce chiffre reste indicatif, car l’opacité de la filière et l’absence de données officielles précises compliquent toute estimation définitive.
Malgré son potentiel économique, ce secteur reste sous contrôle d’un petit groupe d’exportateurs, et la filière est régulièrement pointée du doigt pour son manque de transparence et ses liens supposés avec des circuits de blanchiment d’argent. Les autorités haïtiennes sont régulièrement appelées à mieux encadrer ce commerce pour maximiser ses retombées fiscales et lutter contre les dérives malfrat.
En attendant, la « Zangi » continue de filer entre les mailles du filet administratif, mais pas entre celles du marché international, où elle vaut parfois plus cher que la cocaï**ne.
