Sous un soleil de plomb, les premiers bus de détenus ont franchi ce matin les grilles du tout nouveau centre de détention surnommé « Alligator Alcatraz », en plein cœur des Everglades, à moins de 80 kilomètres de Miami. Installé à la hâte sur l’ancien aéroport Dade-Collier, le site, transformé en moins de dix jours, symbolise la nouvelle offensive de l’administration Trump contre l’immigration clandestine.
Le gouverneur Ron DeSantis, qui accompagnait le président Trump lors d’une visite médiatisée, n’a pas caché sa satisfaction : « Ce centre, c’est l’efficacité même. Nous avons répondu à l’appel fédéral en un temps record. » Derrière les barbelés, des rangées de lits superposés attendent jusqu’à 5 000 détenus, principalement des migrants en attente d’expulsion.
Le dispositif de sécurité repose autant sur la technologie que sur la géographie : « S’ils s’échappent, ils devront d’abord affronter les alligators », a ironisé DeSantis, en référence aux marécages hostiles qui entourent le site.
Mais l’ouverture de ce centre ne fait pas l’unanimité. Défenseurs des droits humains, militants écologistes et représentants des communautés autochtones dénoncent un projet « dangereux et inhumain », et s’inquiètent de l’impact environnemental sur une zone protégée. Les élus démocrates de Floride, eux, réclament plus de transparence : plusieurs se sont vu refuser l’accès au site lors d’une visite parlementaire.
Du côté fédéral, la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem assume la ligne dure : « Alligator Alcatraz va permettre de détenir les criminels les plus dangereux entrés illégalement sous l’administration précédente. Nous élargissons notre capacité de rétention pour rendre l’Amérique sûre à nouveau ».
Alors que les premiers détenus prennent place derrière les clôtures, Alligator Alcatraz s’impose déjà comme le symbole d’une ère sécuritaire, mais aussi d’une profonde fracture politique et sociale en Floride.
