Dans un contexte marqué par l’insécurité généralisée et l’effondrement des routes, l’avion est devenu pour les Haïtiens une nécessité vitale. Mais cette dépendance au transport aérien profite largement à Sunrise Airways, dirigée par Philippe Bayard, qui pratique des tarifs jugés exorbitants, sans véritable régulation de l’État haïtien.
Alors que voyager par la route relève désormais de la survie, le ciel est verrouillé et transformé en marché captif. Résultat : les prix défient toute logique. Un simple vol intérieur de 30 minutes entre Port-au-Prince et Cap-Haïtien est facturé 210 dollars, soit presque le double du prix d’un trajet international de trois heures entre le Brésil et l’Uruguay à 121 dollars.
La situation devient encore plus choquante sur les liaisons régionales : 1 300 dollars pour deux heures de vol entre Cap-Haïtien et la Jamaïque, alors qu’un vol de onze heures entre le Brésil et l’Italie coûte seulement 511 dollars.
Depuis Port-au-Prince, la facture atteint des sommets : un aller simple vers le Brésil (4 heures de vol) peut grimper jusqu’à 1 560 dollars, alors qu’un vol Brésil–Miami de 11 heures se négocie à 310 dollars, ou encore un Brésil–Saint-Domingue de 9 heures à seulement 215 dollars. Ce déséquilibre tarifaire alimente la colère et l’indignation. Pour beaucoup, l’espace aérien haïtien n’est plus un vecteur de mobilité mais un outil d’isolement, où les citoyens sont contraints de payer un prix exorbitant pour échapper à l’insécurité terrestre.