En 2015, le Salvador était considéré comme le pays le plus dangereux du monde, avec un taux record de 6 600 actes violents par an, soit près de 18 par jour. Les quartiers étaient sous l’emprise de groupes organisés, qui contrôlaient 80% des zones urbaines et imposaient des prélèvements à la population, générant jusqu’à 400 millions de dollars par an.
Les racines de cette crise remontent aux années 80, lorsque la guerre civile a poussé un million de Salvadoriens à s’exiler, principalement en Californie. Là, de jeunes Salvadoriens ont formé des groupes qui, après leur retour forcé au pays, ont pris le contrôle de nombreux quartiers.
Entre 2000 et 2015, ces groupes ont recruté plus de 50 000 jeunes, imposant leur loi à près de 2,5 millions de citoyens, des vendeurs de rue aux grandes entreprises.
Mais en 2019, un tournant s’opère. Nayib Bukele, alors âgé de 37 ans, est élu président avec 53% des voix. Il lance une réforme ambitieuse : réaffecter 600 millions de dollars à la sécurité, augmenter les effectifs de police et mobiliser 10 000 militaires. Son message est clair : la violence ne sera plus tolérée.
La situation s’améliore, mais un événement dramatique survient en mars 2022 : 87 personnes perdent la vie en un seul week-end. Face à cette tragédie, Bukele instaure un état d’exception, renouvelé à plusieurs reprises, renforçant les contrôles et autorisant des arrestations massives.
Les résultats sont spectaculaires : en deux ans, les actes violents sont divisés par deux. Plus de 78 000 arrestations sont effectuées, soit environ 1% de la population.
Pour Bukele, la priorité est claire : protéger les citoyens, dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté. Il justifie sa politique en affirmant qu’il est difficile de demander à une population modeste de financer la prise en charge de milliers de détenus.
Aujourd’hui, le Salvador affiche l’un des taux de sécurité les plus élevés du continent, dépassant même certains pays développés. Un renversement spectaculaire, qui suscite autant d’admiration que de débats sur la méthode employée.
